Contexte

Mer et littoral, un environnement fragilisé

En raison des effets cumulés du changement climatique et de la multiplication des formes d’appropriation territoriale, les mers et littoraux sont des espaces dont l'environnement est considérablement fragilisé. La mise en œuvre d’un processus de gestion intégrée est souvent recommandée pour concilier enjeux de protection et de développement et les AMP sont, à cet effet, une forme d'action publique de plus en plus utilisée.

L'extension du réseau d'AMP, un phénomène politique

Nombre et surface des AMP en France métropolitaine et ultra-marine ont considérablement augmenté ces dernières années. Cette tendance s’inscrit dans une stratégie nationale de gestion et de création d’AMP, définie en 2007 et révisée en 2012 (et bientôt en 2021), qui prévoit l'établissement d'un réseau cohérent et représentatif d’AMP couvrant 20 % des eaux sous juridiction française d'ici 2020 (MEDDE, 2015). La loi du 14 avril 2006 et l’arrêté du 3 juin 2011 définissent ainsi une quinzaine de catégories d’AMP qui toutes correspondent à un « (…) espace délimité en mer au sein duquel un objectif de protection de la nature à  long terme a été défini, objectif pour lequel un certain nombre de mesures de gestion sont mises en œuvre (…) » (MEDDE, 2015).

Derrière cette définition cohabitent aujourd'hui des espaces protégés dont les formes et finalités sont diverses. A la mission première de protection de la nature sont désormais souvent adossés des objectifs de durabilité (croissance économique "soutenable", valorisation patrimoniale, éducation à l'environnement, ...). Ces espaces sont de moins en moins des zonages où prévalent uniquement les enjeux écologiques identifiés, et de plus en plus des constructions politiques qui se veulent porteuses d'un projet collectif. Cette évolution pose ainsi notamment, de façon plus aiguë qu'auparavant, et à différentes échelles, la question des effets générés (sociaux, culturels, économiques, [géo]politiques, territoriaux) - pour les populations, et pour l'action publique - par des créations institutionnelles qui souvent se "surimposent" aux territoires de pratiques préexistants.

Peu de connaissances, et peu d'articulation avec la gestion

Ce processus concourt à la multiplication des interrogations portant sur les dimensions humaines des AMP, mais les SHS demeurent peu représentées dans les recherches scientifiques menées sur ces espaces. Cette situation, en France, a pour corollaires :

• d'importants déficits de connaissances (usages et gouvernance notamment) ;
• des connaissances fragmentées aux plans géographique, conceptuel et méthodologique ;
• des connaissances cloisonnées au niveau disciplinaire ;
• un manque d'articulation entre sciences et décisions.

Dans ce contexte, le GIS HomMer est conçu comme un espace d’échanges pour les communautés de recherche et de gestion afin d'élaborer collectivement le processus de recherche, de la construction des questionnements et des objectifs scientifiques jusqu’à la mise en œuvre d’actions de médiation scientifique et technique. Il s'agit donc à la fois de comprendre et d'accompagner cette forme d'action publique si spécifique.